Pas encore







Je t'ai perdu les samedis
Les dimanches
Perdu par semaines entières
Perdu par pans de mois aussi
Je t'ai perdu à travers de minuscules terminaisons nerveuses
Des points de suspension dont ne restait visible que l'espace
Des raisons qui me mettaient dans tous mes états
Sans plus vraiment faim de moi
Si loin, si loin que je ne savais plus rien
Sur les continuités possibles
Vraiment les ruptures
Les apnées sans les respirations
Les apnées sans l'inspiration
La suffocation des grandes disparitions
Des petites fins qui déchirent
La surface d'être entière
Obligent à me recommencer
Là, jamais
Toujours ailleurs
Plus tard fermé
Et d'autres que j'ai bien dû oublier
 Chaque fois, d’être scellée dans la perte
J'en ai eu plus qu'assez
De sentir l'incertain se figer par amas dans mon hémoglobine
De, comme ça, uniquement astreinte au temps
Vaciller de perte en perte
Sans me décourager de vouloir nous envisager
De pas en pas vers l’arrachement
L’élégance douteuse d'être tombée à nos genoux si souvent
Me demander
Front contre les paumes
Si la chute est vraiment le seul mouvement qui nous lie
Les barbelés fleurissent nos sortes de tombes
Mais, disons qu'il n’y a pas d’honneur à s'initier au trépas
Rien de digne dans cette distance
Interminablement soudée par un haussement d'épaule
Peu d’atteint
Toujours franchi l'écart
Dans le sens unique de nos dos
Que nous tournons
Dans l’attente, époustouflante pour le risque
Mais si bien bornée
De ce que nous ne serons jamais plus
Touchables par nos doigts 









30Décembre 2010